Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Label Replica - Entretien avec Florian, disquaire à La Face Cachée

par lou 16 Janvier 2014, 16:32

La naissance d’un label est toujours une chose précieuse. D’autant plus lorsque celui-ci a la volonté de rééditer des albums oubliés n’ayant pas eu en leur temps la visibilité escomptée du fait de leur faible pressage. Replica est né en 2013 et a déjà deux rééditions à son actif : « Mexico » d’Ergo Sum et « Batelages » d’Etron Fou Leloublanc. Et comme tous passionnés de disques et de trésors vinyliques cachés, Fuzzine a eu envie d’en savoir un peu plus sur Replica et a donc posé quelques questions à Florian, disquaire à la Face Cachée (Metz) et l’un des deux fondateurs du label.

Damien : Qui se cache derrière Replica ? Et comment est née l’envie de créer un label de réédition ?

Florian : Derrière Replica se cachent des Messins passionnés de musique également impliqués au sein du magasin de disques La Face Cachée. L'envie est née d'un amour commun pour la musique des années 70, d'une compréhension particulière et pertinente de l'évolution de l'industrie musicale (le magasin défend le vinyle depuis 10 ans, bien avant que le format soit revenu en grâce auprès du grand public) et du constat que tout un pan de la musique underground française des années 70 se retrouvait passablement plongée dans l'oubli au profit de la première merde anglo-saxonne venue. On a eu de très bons groupes défricheurs et précurseurs, je trouve ça important de pouvoir leur redonner un coup de projecteur et la place qu'ils méritent.

D : Vous êtes disquaires. Créer un label comme Replica était une suite logique pour vous ?

F : L'un ne va pas sans l'autre. Mon premier label, je l'ai créé à 18 ans. Médé a monté Les Disques De La Face Cachée en parallèle de son magasin. Il nous semblait donc logique et naturel de construire quelque chose ensemble, et que cela puisse servir la structure. Produire des disques nous permet de faire des échanges avec d'autres labels et de garder des prix bas. C'est très important pour nous, d'autant plus que les prix des rééditions psychés (et des disques neufs en général) ont vachement augmenté ces dernières années.

D : Rééditer des disques obscurs, c’est une volonté de vouloir rendre accessible à un plus grand nombre un certain nombre de disques aujourd’hui introuvables et très chers ?

F : Oui. Déjà, nous ne nous plaçons pas sur un marché de cote. Avant d'être des "vendeurs de disques", nous en sommes des acheteurs et de gros consommateurs (pour ma part). Ça nous fait grandement chier de constater à quel point certains disques que l'on aimerait écouter se revendent chers. Et puis ces disques ont été à l'époque édités à très peu d'exemplaires. 500 copies, aujourd'hui, à l'échelle de la production vinylique, ce n'est certes rien. Grâce à cet acte de réédition, tu n'es plus obligé de fantasmer un compte en banque de footballeur pour pouvoir te payer l'unique album d'ERGO SUM, par exemple.

D : Comment se fait le choix des disques que vous voulez rééditer ? Pourquoi Ergo Sum et Etron Fou comme premières sorties ?

F : Nous souhaitons travailler des discographies et des one shots en parallèle. L'unique album d'ERGO SUM est un disque très recherché, et nous trouvions cela logique de fêter la naissance du label avec ce disque. Quant au premier ETRON FOU, c'est parce que nous souhaitions rééditer la discographie complète de cet excellent groupe de rock in opposition, et qu'il fallait donc commencer par le commencement. Ajoutons à cela le fait que nous réalisons ces rééditions par le biais de licences achetées à Muséa, le label psyché/prog français numéro un, qui se trouve basé à quelques kilomètres de chez nous. Le catalogue dans lequel nous allons puiser nos projets futurs est donc bien entendu tout trouvé.

D : Justement, le label Musea a déjà pas mal réédité de disques obscurs. C’est un peu un modèle pour Replica ?

F : Je ne sais pas si je peux parler de modèle, nos préférences (en termes de réédition) se situant plutôt du côté d'Akarma ou de Guerssen. En revanche, ça nous paraissait évident de proposer à Bernard Gueffier une collaboration entre nos deux structures. On vient de la même ville, on a la même passion, on se soutient donc l'un l'autre.

D : Tu parlais de licence. Tu peux expliquer quels types de contrats vous signez pour rééditer ces disques ?

F : On achète au label le droit d'éditer ou de rééditer un disque, tout simplement. La plupart des rééditions psyché/prog qui circulent se font sans ces contrats ou l'accord des labels et groupes qui les ont sortis originellement. Après, je ne rentrerai pas dans les détails quant à la nature des contrats qui sont signés, cela ne regardant que Muséa et Replica.

D : Vous n'avez aucun contact avec les membres des groupes ? Ils n'ont aucun regard sur la réédition ?

F : On a des contacts avec certains groupes et pas avec d'autres. Pour ETRON FOU, nous sommes en contact direct avec les membres du groupe qui avaient donné leur accord. D'ailleurs, Guigou (batteur) viendra donner un showcase au magasin le 22 février pour fêter la réédition de leur discographie complète. Pour ERGO SUM, c'est plus compliqué. Certains membres sont morts, les restants sont en très mauvais termes les uns avec les autres... Pour ça aussi que c'est pratique de passer par Muséa, qui détient les droits de tout un catalogue en dormance, afin de parvenir à accomplir correctement ce travail de réhabilitation discographique.

Etron Fou Leloublan

D : Ergo Sum est à ranger dans un style prog rock. Quant à Etron Fou, plus dans la musique Avant-Gardiste. Vous allez vous restreindre à seulement quelques styles musicaux ou tout est ouvert ? Idem pour la période et origine des groupes.  Seulement des groupes français des années 70 ?

F : Avec Replica, on va effectivement coller à une certaine esthétique. Il y a un cadre que l'on a souhaité définir, histoire de savoir où aller. De la musique française, originellement des années 70 (mais qui peut déborder aux années 80, comme c'est le cas avec ETRON FOU), plutôt d'obédience psyché/prog/acid folk ou expérimentale, effectivement. Après, comme on bosse main dans la main avec Muséa, l'on fait en fonction de nos goûts et du catalogue qui nous est mis à disposition. A côté de ça, je suis en train de lancer un autre label d'édition/réédition plus orienté musique indie et moderne. Il se pourrait même qu'un troisième label de réédition exclusivement consacré à la musique d'avant- garde voie le jour... Tout est à réaliser.

D : Comment se fait le travail des rééditions. Vous partez des bandes originales ?

F : Le nom du label est Replica. On essaie donc de coller au plus près à la version originale. Notre démarche n'est pas de revoir le son pour coller à la dernière mode, comme cela se faisait avec le remastering dans les années 80/90. Nous avons découvert et aimé ces disques tels qu'ils ont été pensés et produits, nous voulons donc leur redonner vie dans leur forme originelle. Pas de lifting, pas de bonus. Une simple réédition conforme au disque original. Pour se faire, nous repartons donc des masters, quand nous les avons en notre possession. Quand ce n'est pas le cas, nous retravaillons le son à partir du disque. Même chose concernant les artworks. On a une personne au sein du label (Julien) qui s'occupe exclusivement de ces boulots.

D : Quel tirage pour chaque disque ?

F : 500 copies.

D : Mexico d’Ergo Sum a déjà été réédité par Amber Soundroom en 2005. Pourquoi le rééditer une nouvelle fois ?

F : Parce que c'est un disque que l'on aime beaucoup et que la réédition d'Amber Soundroom se vend à des tarifs beaucoup trop prohibitifs selon nous. Encore une fois, le problème est là : le prix, et donc l'accessibilité à un morceau de l'histoire de la musique.

D : Peux-tu nous dire en exclu quelles seront les prochaines rééditions ou c’est encore secret ?

F : Pour le moment, nos deux prochaines sorties seront l'unique album des prog-héros d'ARACHNOID ainsi que le second ETRON FOU (Les Trois Fous Perdégagnent). La suite reste secrète pour la simple et bonne raison qu'on ne s'est pas encore mis d'accord sur les projets à venir. On laisse passer les fêtes et on en reparle début 2014.

Entretien réalisé par Damien

Liens utiles :

Site : http://la-face-cachee.com/shop/index.php?

Discogs: http://www.discogs.com/seller/la-face-cachee

Facebook : https://www.facebook.com/groups/lafacecachee/

Label perso de Florian : http://specific.bandcamp.com/

Label Replica - Entretien avec Florian, disquaire à La Face Cachée
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page