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Pink Fairies - Kings Of Oblivion (1973)

par lou 24 Août 2009, 23:10



"Les Pink Fairies le plus souvent tu évoqueras", ordonnât une voix anonyme, lorsque la rock critique vint au temps de sa genèse.

 

1973 donc. Dans le camp Fairies, la désolation règne. Qui va remplacer le Canadien Paul Rudolph, désireux, avant tout, de limiter sa consommation de dope.  Et effrayé par un groupe qui carbure de plus en plus au mandrax et à l'héroïne. Un single a suffi pour réaliser que Mick Wayne (rescapé du fort médiocre Battersea Power Station) était incapable de fournir la guitare si lysergique et personnelle  de son prédécesseur.

C'est là que le destin, ricanant entre deux amplis, et par le truchement du vieux complice Mick Farren, choisit d'intervenir. Sous la forme de Larry Wallis. Avec pourtant pas grand-chose à son CV (intérimaire chez Bloodwin Pig et UFO) à qui on met un bien étrange contrat sur les épaules. En plus de jouer et chanter, il a un album à écrire.

De préférence vite et bien.

Un être humain ordinaire serait parti en courant. Wallis a relevé le défi. En vampirisant le groupe, tout simplement.

Fini le voyage dans les étoiles, de par le jeu même du musicien, chanteur agressif, très grand guitariste tranchant et gigotant. Place au boogie noir et or.

Wishbone Ash défoncé au kérosène, revu et corrigé par Jérôme Bosh, Kings Of Oblivion (titre emprunté à une chanson de Bowie) n'aura donc pas de temps à perdre.

Enfin délivré, pour un temps, de l'encombrante présence de Twink (embrouilleur hors pair, le bordel qu'il a semé dans les contrats d'édition est dantesque) le groupe joue quitte ou double.

En sept morceaux, ça fonce Alphonse. Dés City Kids une tension nouvelle est palpable. Fini les jams entre deux (gros) joints, de la structure avant tout. La rythmique a compris la leçon, et se conduit comme un congrès de culturisme. Russel Hunter assomme ses caisses et gifle ses cymbales de belle façon.  Quant à Sandy Sanderson (super bassiste, il faut le dire encore), il galope dans la campagne anglaise, avec une catapulte dans les mains. Pour tracer la route à une Stratocaster rouge (discret hommage à Hank Marvin) jamais prise en défaut. Allant jusqu'à, un bref instant, sonner plus Paul Rudolph que l'original, avant de replonger dans les affres d'une intense raclée électrique.

Mais la vieille malédiction guettait. Arborant le masque d'une maison de disques pas franchement prête à promouvoir des zozos pareils. C'est pourquoi Raceway sera un instrumental. Il fallait sortir le disque vite, très vite. La solution sera simple et radicale. Expédier le groupe joué en Écosse, en même temps que l'album à la gravure.

Et puisqu'on est dans la délicatesse, le contrat renégocié en 1972 l'avait été avec Mick Wayne. Donc Larry Wallis sera, au plus, considéré comme compositeur. Aucune raison de penser qu'il était présent sur le disque. Et donc de le payer en conséquence.

Ensuite, c'est l'histoire classique, promotion inexistante, manager dépassé, lui qui rêvait de transformer sa bande d'anars en minets glam rock.

Pire, les promoteurs partaient du principe qu'un groupe jouant, plus souvent qu'à son tour, gratuitement, pour toutes les bonnes causes qui passaient, ne présentait aucun intérêt. Puisqu’on peut les voir pour rien, engageons d'autres chevelus, ceux qui rapportent.

Le reste ne sera plus qu'un long jeu de chaises musicales, de rabibochages/engueulades, qui ont alimenté une forme de culte. Un concert était prévu en 2007 à Londres, mais Larry Wallis ("On voulait juste pouvoir payer notre loyer, et notre dope") aussi rescapé de la bouteille, était vaincu par une bête sciatique.

Comme toujours, se méfier drastiquement des diverses rééditions foireuses (l'immonde Live At Weeley où, de toute façon, le groupe était, de son propre aveu, complètement rétamé). Présentés de façon très attractive, en tirages limités, vendus assez cher, c'est en général Twink qui se fait un peu de fric.


Mais qui remplacera la brillance de Kings Of Oblivion, le mini bus solaire et enfumé de Never Neverland, le rock brut du  Live Roundhouse 1975 ? Les convaincus continuent à arpenter le désert, en prêchant la bonne parole.

Laurent Meunier.

 

Lien :

City Kids

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