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French Folk / Jean Meyrand, le retour!

par lou 29 Avril 2012, 10:08

FRENCH FOLK

 

Jean Yves Tourbin / Tocabiol / Haizea

 

Jean Meyrand, Le Retour!

Dit comme ça, on peut avoir peur, quand même. Le Hughes Aufray revival qui vous tombe dessus, on connait mieux pour triompher. Chansons niaises pour boy scouts acnéiques, tous rassemblés autour du même feu de camp. Braves garçons aux cheveux bien courts, déjà aussi tricolores que papa. Attendant impatiemment de voter à droite, et d'aller à la messe. Pour nous, élevés au rock électrique, l'expression «folk» prend tout son sens quand elle a des racines anglo-saxonnes. Ou que ses paroles transcendent la barrière des races et des préjugés. Une musique aussi pure que ses intentions. Loin des gros labels autant que des idées reçues. Vous êtes gentil mais vous sortez le poster de Cabrel, et celui de Lalanne aussi. Au fond de la cour, là c'est bien. Parce que, globalement, le folk français (ça sonne vraiment bizarre) j'y connais pas grand-chose au fond. Grosse méfiance, le banquet des chasseurs jamais loin. Quelques disques ici et là, avec une sorte de constante dans la progression. Du très mauvais au quasi angélique. C'est le moi  hexagonal, avec mes origines dans les Vosges ou le Morbihan, mes attaches en Auvergne. Et puis mon foutu coté démoralisé, qui déteste la cambrousse des touristes et des gites ruraux. Mais capable de consacrer deux heures à prendre des photos d'un vieux moulin, juste pour les pierres. Ou pour sentir l'histoire qui s'en dégage. Et oui, je parle (un peu) le patois de mon coin. Lequel meurt doucement. Bref, je suis super qualifié pour parler folk, une fois que j'ai rangé les Saints et les Dogs. Jacques Vassal en frissonne d'avance.

 

http://3.bp.blogspot.com/_JPpwjBxR5jc/Sl4gqw5XCbI/AAAAAAAABJw/TvpUGL9oO1E/s400/gayan.jpgNotre premier client, gentes dames et beaux messieurs, sera le dénommé Jean Yves Tourbin (album Gayan, de 1980). Et quand je parlais de progression, j'entendais commencer par le bas. Musicalement, l'objet est potable, mais alors si on pinaille un peu, c'est la catastrophe. Même le coté rudement anti commercial devient gênant. Cette impression d'avoir à composer avec un coincé,  dont le malaise nous indiffère.  Au départ, j'ai cru à un gag, l'album inconnu d'Odeurs. Poésie de douzième catégorie, mal écrite et mal chantée (sa voix est particulièrement insupportable) se pignolant gaiement avec un dictionnaire de rimes pour constipés chroniques. Et encore, quand il en reste à des considérations romantiques, on se contente de trouver le temps long. Mais quand l'idée lui vient de se prendre pour Léo Ferré (arrêtez de rire) de casser du flic ou du bourgeois, la grosse hilarité s'impose. Mais oui le monde est méchant, les gens égoïstes, et le système tout pourri. On peut surement le dire, car voilà des vérités importantes, sans briser les couilles de son entourage, ceci dit. Le bonhomme est d'autant plus antipathique, à mes yeux de mécréant, qu'ensuite il a viré curaillon de choc. Allant jusqu'à chanter la gloire d'un pape polonais ultra réac, dont  j'ai oublié le nom. Rideau.

LIEN :

Pour Miranda

 

http://continuo.files.wordpress.com/2011/04/tocabiol-lp-back.jpgUn (gros) cran au-dessus, voilà Patrick Tocabiol (album Es El Es Ela, de 1977). Pas de problèmes, celui la doit voter écolo et militer contre l'agriculture intensive. Eut-il été anglais, on parlait de folk acide. Mais il était du sud, avec un accent savoureux. Et surement pas d'humeur à  passer pour le plouc de service. Sortir ça en pleine vague punk, c'était donc la mort commerciale garantie. Beaux textes en occitan, instrumentation largement acoustique, rappelant étrangement ce qui a fait le succès d'Angelo Branduardi, quelques années plus tard. Et puis cette voix, rude comme le granit d'une fontaine de campagne. Une diction de type qui mange du fromage, plutôt que des hosties.  Coté thèmes, le bonhomme raconte sa vie, sans chercher à passer pour un prophète. En gros la fille du curé, l'usine, tous un tas de trucs à faire dans les fougères. La première face enchaine les thèmes courts, sans trop de problèmes, à part les horribles relents de synthé pouin pouin/couin couin qui se font jour ici et là. On sent les muscles du terrien, qui montera peut être jamais à la capitale, et s'en tape. La seconde face est une longue suite (aie aie) poème sombre et noir, petit miracle d'équilibre. Qui réussit à éviter de se vautrer, malgré les risques de sa mission. Niveau textes, ils sont heureusement traduits en français, et permettent d'apprécier la philosophie dominante. Paysan, tes cheminées ont les mains jointes/Et tes fenêtres sont à décrocher....Grand-mère, regarde, ils ont parqué le futur/comme la bête du Gévaudan.....Les mots que je te dirai brulent ma bouche/Tant qu'il y aura des mensonges, nous feront des feux de la St -Jean.  Le Gévaudan n'est plus sauvage, et la bête un caniche. Domestiquée, dégriffée, découillée, pour les besoins du tourisme de masse. A heures fixes, elle va se coucher, pour laisser passer le bus climatisé. En contemplant les papiers gras, au bord de la route. Reviendra l'hiver, pour retrouver un peu de rudesse. A donner des envies de retourner au Larzac. Tocabiol, c'est un bol d'air frais, la brume du matin sur une rivière. Et ça fait du bien. 

LIEN :

Es El ... Es Ela

 

http://4.bp.blogspot.com/_7St4jD20p0o/R0lYMJT0gHI/AAAAAAAAFM4/fczoGRa58TA/s400/haizea+1st.jpgProfitons-en pour descendre au pays basque. Je pensais les groupes du coin ultra politisés et violents (La Muerte par exemple) jusqu'à ce que je découvre Haizea. Deux albums (un en 1975, et Hontz Gaua en 1977).  Et ils sont beaux, même si je suis bien infoutu de comprendre un mot de ce qu'ils racontent.  Des duos masculin/féminin à se relever la nuit pour le premier disque. Et la chanteuse Amaia Zubiria, toute seule comme une grande, pour tenir la baraque sur Hontz Gaua. Avec l'autorité et la détermination de la mère Sandy Denny, quelque part. Besoin de personne d'autre derrière le volant. Nous voilà en présence d'une musique très acoustique, bien loin du grattage primaire du folk de base. Coloration électrique discrète, recherche d'une atmosphère intense et toujours fière sur elle (le sang basque, surement). Des deux albums, le premier est le plus réussi, parce que tendu à l’extrême, dépouillé et direct. Par contraste, le second sonne plus progressif, dans sa recherche sonore. Sans pour autant sacrifier à la gale néo-classique, qui a tant pollué les années soixante-dix (vous voulez vraiment vous infliger Renaissance ?). Totalement ignoré des «encyclopédies spécialisées» (ces bouquins qui vendent, cher, du lieu commun) Haizea s'aborde comme une révélation permanente. Parce que dispensateur d'une grande fraicheur, et d'une originalité certaine. Intemporel aussi, bâtie pour toutes les saisons. Si il faut absolument donner un point de comparaison concret (rationaliser toujours) je dirais qu'on trouve ici certaines ambiances de More. Alliances de guitare sèche et de percussions, une qualité de climat, de présentation des choses. Qui vont bien au-delà d'un voisinage géographique. Et incitent plus à l'introspection qu'à la rigolade facile. Des disques pour penser, pour méditer. Qui semblent souvent capables d’arrêter le temps, et coulent à une vitesse folle. On est bien dans la définition du folk, tel que je le conçois, intelligence et communication totalement humaine. Les originaux sont extrêmement rares, mais existent en CD.  Deux contre un et Dieu pour tous. Tourbin va en faire une jaunisse.

LIEN :

Hontz Gaua

Laurent

 

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