KRAUTROCK
Kalacakra
Les Freak Brothers |
La droite réac’ s'en est servie pour stigmatiser la gauche laxiste. Qui l'a rejoint sur le fond. Pas question de simplement EVOQUER le shit en France. On peut être hypocrite sur tout, miner les droits d'un pays en douce, là d'accord. Mais le pétard, non ! C'est mal. D'ailleurs, si les chasseurs fumaient avant de flinguer que se passerait-il ? Alors qu'abreuvés de gros rouge, ils consomment les produits locaux. C'est comme ça. D'ailleurs un peu de service militaire ferait du bien à toutes ces tarlouzes chevelues. Vous connaissez le refrain ? Je me suis toujours demandé comment réagiraient la frange des biens pensants (bigots, fafs, vieux cons nantis) si on leur mettait une dose de bon kraut dans les oreilles. Des siècles de vaccination au gras double peuvent, j'en suis sûr, endommager gravement l'appareil auditif. Et la musique allemande (mais non, pas la fête de la bière à Munich) a livré des trésors qui sentaient une autre fumée que celle de la choucroute. J'allais évoquer DOM, mais leur épopée est plus un mauvais voyage acide. Même chose pour Flute And Voice. A la réécoute, Imaginations Of Light (1970) démarre bien, mais se perd vite dans des ambiances super cool (et belles) sans grand-chose de démentiel ou d'allumé. Quoique leurs escapades jazzy méritent le détour du mélomane. Même Quintessence et son Hare Krishna est vite distancé. Non, ce qui nous intéresse aujourd'hui relèvera quasiment de la gueulante situationniste. Du pavé surréaliste, dans la vitrine conservatrice. L'histoire de 1971 n'a certes pas retenu les noms de Heinz Martin et Claus Rauschenbach. Mais leur contribution à l'exil forcé du cérumen est notoire.
D'abord, pour baptiser leur duo folk-barré Kalacakra, les deux gaillards devaient avoir un compte à régler avec un imprimeur. Ou des raisons de complexer la jeunesse, qui bute sur les mots de plus d'une syllabe. Au terme d'une petite recherche, il apparaît que ce nom désigne la roue du temps en sanscrit. Ah, ces gars ont de la culture. Même qu'ils devaient la faire venir eux-mêmes. Et consommer en roulant bien serré. Les percussions lourdes, la flute qui vrille et trille, oh qu'il fait chaud d'un coup. Ach, la guerre gross malheur. Popol Vuh statufié. Ou plutôt non, raide décalqué. Vitrifié par une dope infernale. Et on est seulement au premier morceau. Qui ferait planer une compagnie de CRS psychorigides. D'ailleurs l'album s'appelle Crawling To Lhasa. Ramper jusqu'à Lhasa. Arriver au Tibet coûte que coûte. Bonne chance pour passer la douane. Plus fracassé qu'une porcelaine dans un magasin d'éléphants. Ravi Shankar lâché dans la réserve des frères Pétards. Le tout remixé en 16 feuilles stéréo. Vous avez déjà visité un Ashram, après le départ des dernières forces vives ? Moi non plus, mais j'imagine bien. Pile au moment où la femme de ménage ouvre la fenêtre. Tout en constatant que, tiens c'est bizarre, il en reste une douzaine, allongés sous la machine à café. Sérieusement (??) voilà un album à se faire démolir par un congrès de routiers FN. De toute façon hostiles à une dose d'humour dadaiste. Suggestive comme un narguilé devant une gendarmerie. A faire passer Agitation Free pour une école de scaphandriers. Options grand fond boueux. Et puis ces vocaux nasillards, qui racontent la cousine Jaceline ou la Tante Olga. Coassements post cinquantième taffe. Attendez, le meilleur pour la fin. Le dernier morceau est un blues à la Captain Beefheart, sur fond de gros rires et de reniflements. Là, les écroulés se secouent sérieusement, le ton durcit. Sans rien perdre de ce côté archi hédoniste. Ils vont pas quitter leurs tongs comme ça, tout de même. A pratiquer uniquement si vos visées spirituelles rejoignent celle du groupe. Ou, au pire, pour se détendre, un jour où la vie vous pèse. Furieusement barge, invendable, et en tant que tel, à connaître d'urgence. L'édition CD propose deux horribles bonus, de potage New Age. Comme quoi la beuh, c'est pas bon pour la santé mentale, à long terme. Laurent. Lien : |