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Kevin Coyne - La Résilience

par lou 20 Septembre 2013, 11:12

Drôle de goût dans la bouche. Errance du matin, éviter une flaque de vomi. Par dépit.  Au terminus des prétentieux, on se ressemblera tous. Ange de miséricorde avec beaucoup de temps à perdre. Et  pas une âme à qui parler. Je connais cette rue, j'y ai habité. Il y a bien vingt ans. Les fantômes eux mêmes sont morts d'ennui.  La baraque est toujours la, avec un nouveau propriétaire. Vous n’êtes pas psychotique. Simplement sérieusement secoué par la vie. Il fallait bien un ancien travailleur social (il a longtemps œuvré dans le milieu psychiatrique) comme ce Monsieur Coyne pour envisager l'état émotionnel terminal. Un drôle de zig, épargné par les punks dans leur chasse au vieux con flapi.  Géniteur d'un paquet d'albums, avant de tirer sa révérence en 2004. Discrètement. Parce que les plus grandes douleurs sont muettes Sur une de ses pochettes, il fait la révérence. Avec un sourire glaçant, et un rasoir  derrière son dos. Lutter de l'intérieur. Avoir expérimenté l'enfer des autres. Leur façon de vous tuer en refusant de vous achever.  Quelque chose qui appuie encore plus salement, la où la douleur est faible devant les mots. Pour un peu, on vous accueillerait à coups de scalpel. Reprendre le boulevard dans l'autre sens. Je m'en allais les poings dans mes poches crevées, la tête vide mais les souvenirs vivaces. Comme ce feelings si particulier que dégageait (lumière noire) le Broken English de Marianne Faithfull. Fouiner dans les cendres froides. Ne pas chercher à ranimer le feu. Deviner des signes de vie (lumière rouge). Kevin Coyne chante. Comme si il concassait  du gravier. Pour bien appréhender, il y a cette copieuse compilation au goût de thé froid/pain rassis (I Want My Crown) presque 80 titres. A boire et à manger, certes. Les morceaux les plus rapides étant ceux qui accusent une ménopause avancée. Comme certains sons de claviers frelatés. Mais il est encore tôt. Moment  où le passé n'agit (momentanément) plus. Et où le futur ne commence que sur commande.

Ambulance (lumière bleue). Ambiance stérilisée. Plafond blanc.  Le sang jamais loin. Et les cachets à heures fixes. Pilules  en début de repas. Tous ces mots obsolètes. Encore passé à coté de la chance. Elle qui vous double sans bruit, mais se retourne fréquemment pour faire un doigt. Le château est une bâtisse moche, dans un parc mal entretenu. On y entre avec ce blues anglais dans les oreilles. Se donner jusqu'à l'été pour crever. Militer pour une existence sans risques. Savoir que sa police d'assurance est périmée depuis longtemps. Mais tout le monde passe sans seulement s’arrêter.  Sur Facebook on se fait plein d'amis, avec possibilité d'extension sur le vide cosmique. Demain (c'est loin) j'irais à la pharmacie.  J'aurais la chronique de Kevin Coyne à écrire. Emboiter des mots de  hasard, faire comprendre que plus on bute dans une montagne moins elle peut reculer. Retenez le nom du disque (I Want My Crown) et celui de l’interprète. Le reste se lit dans les yeux cernés, le mal être, et l'envie pressante de solitude réparatrice. S'emmurer à heures fixes, juste pour reprendre haleine. Service des compresses mentales. Traitement au gant de crin,  nettoyer ses dernières illusions.  Tout ce qui ne tape pas sur les nerfs est la bienvenue. L'existence se passe à éviter les cicatrices intérieures. Un jour je me coucherais pour me laisser mourir.  La voiture attendra devant la porte. Le chauffeur est sans visage. Après midi passé le menton dans les genoux. L'appel du coyote sur la plaine.  23 heures, la nuit sera  courte.

Laurent

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