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The Saints - Wild About You (Complete Studio Recordings 1976-78)

par lou 3 Septembre 2009, 18:08

 

Chaque fois qu’on nous ressort les punks, il est assez navrant de constater que deux des meilleurs groupes à avoir émergé en 1977 soient d’entrée réduits à un statut éternellement confidentiel.

Puissant, certes, mais loin derrière n'importe quelle bande de boutonneux ayant sorti un single pourri du côté de Manchester. Avec les épingles à nourrices règlementaires, les glaviots juste gluants à point, et la caisse de bière jamais trop loin.

Je veux parler de Radio Birdman, et surtout des Saints. Particularité de ces gens, tous australiens.

Ah, l'Australie...... son climat atroce, ses kangourous, et un ou deux chauves, restés dans l'imagerie musicale populaire pour leur coté soporifique. Ou leurs tatouages, c'est selon votre religion.

Les Saints n'étaient pas tatoués, ils étaient chevelus, fringués comme des épouvantails. Et devaient en avoir marre de tout bien avant Johnny Rotten. Nés dans une banlieue sinistre, sous le signe maudit du Velvet Underground et des Stooges, Chris Bailey (chant d'airain) Ed Kuepper (guitare et compositions dignes de ce nom) Kim Bradshaw (basse) et Ivor Hay (moissonneuse batteuse) avaient vite senti (par la force des choses) que si Brisbane vous forgeait le caractère, question célébrité ça devait se passer ailleurs.

C'est pourquoi ils étaient venus se faire pendre en Angleterre, comme leurs prédécesseurs des sixties (Masters Apprentices ou Human Instinct) pensant sans doute que la Reine pouvait les dépanner. Au moins de quelques billets.

Et avaient atterri chez EMI. Label qui venait juste de larguer les Sex Pistols, et devait chercher le bon plan pour se renflouer. Allant jusqu'à miser sur ces drôles de zèbres, et leur démo primitive.

Pas de chance, leur rock speedé, au sens mélodique hérité d'une fonderie, tendre comme une scie d'autopsie n'a jamais réussi à les imposer. Dans un quintet qui aurait aussi inclus les Stranglers et les Damned des débuts, les Heartbreakers de Johnny Thunders, les Hammersmith Gorillas, et aurait conquis le monde.

Alors, ils se sont séparés après trois albums. Et Chris Bailey a fait une sorte de carrière en France, sous la lourde étiquette "Loser plein de talent". Mais de la formation originale, bien peu se souvenait.

Et EMI a attendu 2002 pour le grand ménage, et sortir une jolie intégrale.

Travail impeccable, Wild About Ypu The Complete Studio Recordings 1976/78 est donc un triple CD d'école. Pour tout groupe qui répète sans gloire au fond de son garage, une leçon en minimalisme majeur, assumée jusqu'au bout.

Avec une reprise de River Deep Mountain High à arracher la perruque de Phil Spector.  Et une autre, parfaite, du Security d'Otis Redding. Ces affreux se donnaient la sacro-sainte crédibilité que tant d'autres recherchaient vainement. En allant jusqu'à taper un blues (Messin With The Kid) du moins ce qui ressemble à un douze mesures règlementaires, avec solos se détendant dans les gencives, comme des ressorts rouillés.

Sans une svastika, une baston avec les flics, une nuit en cabane avec les Clash, comment voulez-vous que le public potentiel y ait cru ?

Et les rythmiques à la guitare sèche, les chansons qui se mettaient à prendre leur temps pour exister, les cuivres, les relents de doo wop, c'était pas suspect ?

Tellement plus, en tout cas, que la  machine à gogos enfantant les Green Day, Offspring, et autres néo acnéiques modernes. Ils sont aux Saints ce que Foreigner était à Steppenwolf. Des toutous de salons, bien parfumés, soigneusement castrés, qui vous mordillent gentiment de leurs petites dents, en jappant de façon énervante.

Laurent Meunier.

LIEN :

Myspace

 

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