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Rock Underground - The Heads / Destockage Permanent

par lou 14 Novembre 2011, 09:16

ROCK UNDERGROUND

 

The Heads

 

Destockage Permanent

 

Le problème avec The Heads, c'est d'arriver à les suivre. Pas paralysés par les contraintes commerciales, nos zèbres favoris font absolument ce qu'ils veulent. Évidemment, pour cantiner chez Bettencourt on peut rêver mieux, mais l'honneur est sauf. Leur dernier opus (tirage à 150 exemplaires, déjà épuisé), Rituals Volume 3, les voit s'associer avec un autre combo de Bristol, Big Naturals, et s'embarquer dans un bien curieux zinzin. Les nuages s'allument, et nous voilà sous une pluie d'étoiles, à visiter un désert brûlant. Accrochez-vous bien : si les dunes sont gavées d'acide, les chameaux bougent un peu. Bien sûr que les soldes sont terminées, mais le voyage est garanti pur laine. Le compostage mental rend toutes les formalités inutiles, pendant que Neptune souffle dans son grand coquillage. Parce que le sable mène à la mer, et inversement. Aucun carnet de route n'étant requis depuis l'abolition des frontières, voici le meilleur album trippant depuis au moins dix siècles. Un comptant de fausses pistes sera proposé à mi-parcours, mais aucune ne vous mènera au désespoir. Plus vite, plus fort, plus haut, il est défendu de rajouter des ressorts à sa panoplie de touriste auditif. Hamacs à pédales, solex à roues de velours, ce disque donnerait des ailes à un scaphandrier borgne. Pourquoi borgne ? Puisque, de toute façon, la lumière du soleil prouve bien à quelle altitude nous sommes maintenant. Sur les tables de dissection, on s'emmerde affreusement.

 

http://1.bp.blogspot.com/_XVHwxL0aAC4/TD8Xb6As8MI/AAAAAAAAAsQ/GgmO4oCX-zM/s1600/ROOSTER15_Heads_Front_Low+Res_Sticker.jpgLe cortex réclame sa dose de bonnes vibrations. Regardez les graffitis sur la pierre des âges, Tangerine Dream, Popol Vuh, Agitation Free. Et l'éruption du Vésuve qui détruisit Pompéi. Sauf qu'ici tout grouille de vie. J'ignore qui sont les gonzes de Big Naturals, mais ils feraient swinguer un conclave du Vatican. Et The Heads franchit la ligne d'arrivée en grand vainqueur, avec une magnifique conclusion guitare acoustique/flûte. On nous signale d'ailleurs que le prix de l'essence vient de baisser. Avec une basse pareille, rien d'étonnant. Je veux une grande ration de paix, sortir dans la rue et cueillir des fleurs entre les bagnoles rouillées. Dans les bureaux de la mort lente, on crève soudain un peu moins. The Heads sauve des vies en pagaille. Et le marchand de sable passe et repasse, la guerre est finie, alléluia. A défaut de communier dans la liesse collective, et quand les foules ne virent pas les tyrans, on aimerait les voir acheter la réédition du premier album, tout de même. Ce Relaxing With, à la pochette présentant une fort agréable représentante en hédonisme, et dont les originaux cassent la baraque sur eBay. Pour nous qui pleurons si fort les cendres des Stooges (riffs bouillants et voix désincarnée) l'heure de la rédemption sonique est arrivée. Marre de tous ces albums qui mollissent après deux minutes, de ces productions gluantes, on veut notre douche de plomb, merde. Assaillir un improbable château, et se faire repousser par des maniaques de la Gibson. Des psychopathes du Marshall. Des tueurs en série de la distorsion. Exterminateurs fous, qui respirent le bon air du napalm, et vous carbonisent la viande sans même s'en rendre compte. Efficacité du panzer, les chenilles laissent délicatement leurs marques sur votre front, et disparaissent dans la rosée du matin. Détruisant au passage plusieurs hectares d'OGM, sans même qu'on le leur demande. On se fout totalement de savoir si c'est du stoner ou du boudin, à vrai dire. Dégustation de gnons à volonté, message subversif au passage (Television Sucks My Time.......) le trente-cinq tonnes du matin est passé sans s'arrêter, gouttez la différence d'un essieu à huit roues. En complément, un plein CD de bonus, avec l'habituelle panoplie de sessions radio et autres passages chez John Peel. Pas indispensable, mais bienvenu dans le contexte d'holocauste sonique. Et avant le silence qui précède les plus grandes batailles. Orgies de sang et de tripes, censées nous assurer un monde meilleur. The Heads ne véhicule pas l'idéologie morbide des crétins métalliques primaires, simplement la bannière du rock éternel. Sorte de brassage détonnant entre Black Sabbath et Sonic Youth. Pour faire simple. Mais les gens se lèvent et quittent la salle, alors que la lumière est encore éteinte. Les portes sont murées ? C'est normal, on a pas encore parlé de Fuzz Against Junk. Conglomérat de doux allumés, comptant deux The Heads dans ses rangs. Leur Netti Netti s'aborde comme la synthèse, pas toujours exacte, de ce que la musique a enfanté de mieux, depuis environ 1970. Bouts de peau d'Amon Düül II, cerveau de Soft Machine, dents de Captain Beefheart, voilà une créature partie pour avoir la tronche de Frankenstein.

 

 

http://1.bp.blogspot.com/-leiz1n00dKA/Tl9H7TWaIRI/AAAAAAAABm8/yNNIoVDuB5I/s1600/KANDODO%2BFRONT%2BView.jpgAvec même un peu d'ADN des Stranglers, pour faire bonne mesure. Inécoutable (trop large) ou génial (suffit de se laisser porter) selon votre mental. Votre prédisposition au dérapage supra-galactique, avec neurones gratuits au bout de plusieurs voyages, aussi. Impossible d'aborder ces quinze chansons d'une manière rationnelle, tout le travail se fait en amont. Sur les berges d'un monde impossible, le capitalisme rampe dans les buissons. Les péages n'existent, plus la route est libre, on y emplafonne vite fait un baobab. Oublié là par une précédente expédition polaire. Le nord magnétique est déjà ailleurs, les repères habituels n'existant plus que dans les réflexes conditionnés d'acheteurs inquiets. FAJ vient d'inventer le disque à rendre fou un vendeur (pardon, «un conseiller client») de la FNOC. Son idéal est toujours à base de casiers, de segments, de rayons. Surtout pas la galette qui usine dans son coin, pour la beauté du geste. Après avoir soudé la sortie de secours. A propos, il finit bientôt ce papier ? Un des gars de The Heads vient d’être père, ça va sûrement les calmer un peu. Les marchands vont oser remettre le nez dans la rue. Les saines valeurs commerciales d'une économie dominée par... Kandodo. Kandodo ? Projet solo de Simon Price (officiant à la guitare chez devinez qui) et qui nous balance son album solo. 100 copies numérotées, envolées en même pas une semaine. Ça vous fidélise une audience. Quelque part, un barbare se laisse aller, repense à sa vie gâchée, et prend rendez-vous chez un thérapeute. Dans le calme de sa salle de bain, on évite relativement mieux les agressions. La basse ouvre le chemin, solaire comme le meilleur Pink Floyd. Un jour la Terre explosera, en attendant le cosmos se visite à volonté. Fans de Terry Riley, reprenez espoir, les leçons du vieux maître ont porté leurs fruits. Tout le disque est construit sur des mouvements giratoires, dont l'opposition fait naître les reliefs. Passé un temps, j'aimais bien bricoler, avec un logiciel du nom de Terragen. Genre de truc pour geek, qui permet de modeler des paysages à l'infini. De la couleur du fond, à l'angle de vue. Kandodo ne propose pas autre chose. Quelle que soit la résolution de votre écran organique. Un coup à gauche, trois pas à droite, la parallaxe en guise de casse-croute. Un chanteur ?  Et pourquoi pas un vigile, tant qu'on y est. Le disque devrait (conditionnel) être disponible sur le site du groupe prochainement, en tirage moins restreint. Label d'utilité publique.

 

Laurent

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commentaires
L
article récapitulatif et très intéressant, c'est un ajout à nos connaissances et je vous remercie pour le bon choix, bonne poursuite!!
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